Humphrey Dumbar le croquemitaine & Jimmy l’apprenti croquemitaine – E.Civiello

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Humphrey Dumbar est un croquemitaine extrêmement zélé. Chaque nuit, il choisit les enfants qu’il tourmente de manière aussi efficace que son métier l’exige. Une fois encore, il jette son dévolu sur l’orphelinat de miss Doloby. Mais ce soir-là, le jeune Jimmy en a marre. Il décide d’agir et se cache dans le chaudron du vilain bonhomme. Sans le savoir, Humphrey Dumbar repart chez lui en compagnie de l’intrépide garçon. Un voyage au pays merveilleux qui va bouleverser leurs destinées…

- Delcourt Jeunesse -

J’aime les contes, j’ai craqué pour cette BD, résolument jeunesse, pour le scénario, les dessins, les couleurs de E.Civiello. Un coup coeur, sans aucun doute.

E.Civiello met son talent de dessinateur au service des jeunes lecteurs, mettant en scène le monde merveilleux, un monde magique et fascinant, jouant avec la peur sans générer la moindre angoisse.

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Car il nous parle de la peur, de cet affreux croquemitaine qui se réjouie de tourmenter les enfants la nuit, reveillant les cauchemars et faisant sortir de sous les lits les horribles créatures qui mordillent les orteils.

Civiello nous raconte l’aventure d’un courageux petit Jimmy qui s’oppose au croquemitaine, essayant de se faire passer pour la voix de sa conscience, l’incitant à ne plus effrayer les enfants, ou alors seulement ceux qui sont méchants. Mais la situation n’est pas si simple. En détournant Humphrey Dumbar de son rôle, il bouleverse l’ordre universel de l’enfance, celui des contes où chacun doit assumer son rôle, si ingrat soit-il. Pour grandir, il faut surmonter ses peurs.

Le récit est court, comme un épisode. La fin paraîtra abrupte et convenue aux adultes que nous sommes, mais elle inscrit le récit dans le conte, rassurante par son happy end, sa morale sous-jacente.

De la tendresse et de l’humour dans le trait épuré, adapté au jeune lectorat, soigneusement travaillé quant aux expressions des visages; des couleurs profondes qui livrent déjà toute une atmosphère, un relief étonnant aux personnages, aux décors. Cette lecture est une initiation à la BD, elle n’a rien de linéaire : Civiello multiplie les perspectives, les dimensions des planches, rythmant ainsi le récit sans recours au texte qui se veut succint, limité aux bulles de paroles.

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J’ai adoré ces pages, le haut de forme tordu d’Humphrey, la citrouille bavarde, les portraits d’enfants, celles présentant les êtres magiques – Père Noël, vieille sorcière et marchants de sable – en colloque dans la forêt enneigée, chacun assis sur un champignon.

A l’épilogue, Jimmy propose au croquemitaine, qu’il est parvenu à dégoûter de sa fonction d’affreux nocturne, de le remplacer :

 » A partir de ce jour, Humphrey réalisa son rêve…Entouré de dizaines d’enfants, il leur racontait des histoires où les gens étaient gentils et drôles. Tout naturellement, les enfants lui offrirent leur joie, leurs rires et leur amour…

Quant au petit Jimmy, grâce aux bonx conseils d’Humphrey, les rues, les ruelles, les maisons et les chambres d’enfants furent à nouveau remplies de cris de frayeur et de peur.

Un nouveau croquemitaine était à l’oeuvre et il n’effrayait que les enfants méchants ! « 

Une très jolie histoire d’une belle qualité graphique en hommage à l’enfance, une fantaisie en féerie.

Une histoire qui peut se suffire à elle-même, mais comment résister au second volume ?

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Les journées au Pays magique sont remplies de jeux et de fous rires mais pour le petit Jimmy, l’heure de la formation a sonné. En effet, devenir croquemitaine n’est pas chose aisée, d’autres avant lui s’y sont cassés les dents ! Jimmy aura-t-il assez de confiance et de courage pour réussir les terribles épreuves ? Et succéder ainsi à son grand ami Humphrey Dumbar dans le rôle du croquemitaine…

Dans cette BD, Civiello se fait plus émouvant, approfondissant son thème, puisque cette fois, c’est Jimmy qui doit affronter sa plus grande peur, celle qu’il refuse de s’avouer, celle qu’il doit apprendre à nommer, connaître et maîtriser.

Jimmy raconte ce voyage initiatique avec toujours beaucoup de tendresse sur les pages et ce drôle d’apprentissage ouvre sur le rôle de l’imagination. D’aussi belle composition graphique que le premier volume, celui-ci est peut-être moins remarquable dans la mesure où il s’échappe du conte pour rejoindre le récit d’aventure, plus impertinent aussi, ce qui n’est absolument pas une déception.

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