Nocturne – Pascal Blanchet

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Août 1948, New York suffoque sous la canicule. Alors que la nuit s’étend sur la ville, la voix d’Anne Scheffer, reine des ondes transporte loin des cuisines et des rares clients une serveuse de cafétéria de la 33e rue et ajoute au drame banal d’un auteur sans succès de Brooklyn. Nocturne est la chronique d’une nuit qui peine a voir le jour…

- Les éditions de la Pastèque -

Je découvre l’univers graphique de Pascal Blanchet avec ce titre, univers que j’ai adoré, autant l’écrire tout de suite.

Cette BD est absolument atypique. D’abord l’objet qui relève plus de l’album : un format carré, exclusivement des illustrations pleine page, pas de vignette, ni cadre, ni bulle, ni cartouche. Elle pourrait être considérée comme muette. Ce qui n’est pas le cas. Les voix sont celles de  » canaux de communication «  : celles de NBC, les paroles des chansons ( une discographie est présentée en postface  » in the still of the night  » ), les annonces de gares routières, une lettre, les voix au téléphone de personnages invisibles; des voix off.

Ce choix révèle et intensifie l’atmosphère particulière de cette nuit, ce hors-temps, ce décalage, de ces nuits pour lesquelles on dira  » avant-après « ; une nuit difficile, différente, décisive, une nuit de canicule et d’orage, de rupture pour chacun des trois personnages. Trois histoires parallèles, ils ne se croisent pas dans ce New-York nocturne de 1948.

Tous ces mots absents – qui ne seraient que vide parce que cette nuit de remise en cause, c’est celle des sentiments violents, douleur, colère, celle des questions, perturbantes, déstabilisantes - contribuent à l’épure de l’album, à sa profondeur, à son émotion, bien que les pages parviennent à faire ressentir ce plombé, cette lourdeur de l’air, ce poids oppressant de/sur la vie des personnages. Le trait rappelle celui des années 50, le rétro des réclames d’époque et pourtant on ne peut que constater la modernité de mise en page qui joue de l’effet caméra et des perspectives. Perspective est bien le mot, façon de regarder, façon de voir, pour l’auteur, pour les personnages. Ce clair-obscur.

On peut lire dans la biographie de Pascal Blanchet qu’il se passionne pour  » le design du XXème, l’architecture et le jazz « . Cet album en est l’évidence. Peu de décors, un soin impressionnant porté aux architectures intérieures et extérieures, des éléments massifs, des éclairages ponctuels, précis, des lignes géométriques, droites, cassées par la finesse du détail de certaines décorations comme les étoffes, par les formes humaines. Les personnages s’imposent par leurs attitudes.

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Sur les dernières pages, le soleil se lève enfin, une lueur, une lumière…

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- Je vous invite à découvrir la vidéo de présentation sur Youtube ICI -

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