La piste Pasolini - Pierre Adrian

Pour la première chronique de reprise de ce blog, j’ai souhaité une lecture particulière.

Mon choix s’est spontanément porté sur Pierre Adrian, pour ses deux récits.

J’ai découvert la plume de Pierre Adrian avec son premier livre La piste Pasolini

Piste pasolini

  • Editions Equateurs – Octobre 2015 –

A 23 ans, Pierre Adrian part pour l’Italie sur les traces d’un écrivain insaisissable et fascinant : Pier Paolo Pasolini. Du «  Frioul vide et infini » aux errances dans Rome et ses « nuits sans frein », il hume, palpe cette vie à fleur de peau, à rebours de tous les clichés.

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Il s’agit d’un récit de voyage à travers l’Italie de Pier Paolo Pasolini, d’une quête intime et militante, d’une enquête : quel est l’héritage du poète ? A travers ses mots, ses films, ses lieux, sa langue, Pierre Adrian met en lumière l’actualité des paroles de Pasolini l’artiste engagé, ses propos féroces sur les médias ( notamment la télévision ) et la société de consommation, son regard sur la jeunesse - son rôle, son quotidien -,  sur le rapport à la nature, à la terre, à la chrétienté, à la foi.

« Il m’inspire autant parce que j’ai retrouvé chez lui cet appétit de l’essentiel, l’humilité et la générosité du chrétien de chapelle. Et la répugnance pour le dogmatisme, la règle moralisante. »

« … je souris en pensant à tous les bouffeurs de curé d’aujourd’hui. A leur combat dépassé, à ces snipers d’ambulance. Il n’y a pas d’acte plus révolutionnaire que de croire en Dieu. […] Si encore aujourd’hui certains prétendent que l’on croie en Dieu pour se rassurer, j’affirme alors que la foi est un risque bien pire, qui plus est à 23 ans. Elle est une lutte gravide d’angoisses, de lâchetés, de reniements. »

Je connais peu l’œuvre de Pier Paolo Pasolini, j’ai pourtant suivi avec grand intérêt les pas du jeune auteur, le parcours de l’écrivain et cinéaste italien. Car c’est aussi une histoire italienne et une histoire européenne, toutes deux inscrites dans leur époque, qui s’écrivent. Vous l’aurez compris, Pierre Adrian n’avait pas, avec ce récit, prétention de biographie. Il rencontre et interroge, il regarde et il écoute les mots qu’il partage – lettres, articles, poèmes - attentif à leur résonance. Deux personnalités se croisent dans ce récit, en ( grand ) écart générationnel ou pas, et c'est aussi ce qui le rend passionnant.

La plume du jeune Pierre Adrian est déjà remarquable de maturité, pas seulement littéraire, incisive et sensible, en réflexions sociétales et spirituelles, sans prétexte à introspection complaisante. Sans vague à l’âme, il rend hommage aux mouvements, aux appels, de l’âme qu’a pu incarner Pier Paolo Pasolini ( 1922 – 1975 ).

Avec talent :

« Et moi je vois qu’il n’y a rien à voir. Plus loin ? Plus loin c’est la mer […] Ce matin de janvier, le ciel confond sa pâleur dans celle de la mer, gris agité, qui donne au jour sa couleur électrique. Le silence n’existe pas. Le rouleau des vagues le brise. Putride Ostie, aux pagodes et boutiques fermées, qui laisse entrevoir ses immeubles du front de mer, immenses devant cet horizon plat que représente la Méditerranée. Pasolini est venu mourir à côté de cette architecture triste et sans âme, parée pour divertir les saisonniers. »

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- Prix des Deux-Magots et Prix François-Mauriac de l'Académie Française 2016 -

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Commentaires

  • niki

    1 niki Le 08/09/2017

    ceci est exactement ce que je craignais lorsque tu as dit que tu ouvrais à nouveau ton blog = avoir d'autres idées de lectures à ajouter à la liste déjà longue - en tout cas j'apprécie pasolini, dont je lis les chroniques en italien de temps à autre (une à la fois ;) ), c'est quelqu'un qui me touche fort
  • Marilyne

    2 Marilyne Le 08/09/2017

    @ Niki : oups :) Je te comprends pour la lecture des chroniques, les quelques extraits que j'ai découverts m'ont marquée.
  • Valérie

    3 Valérie Le 09/09/2017

    Incroyable, je parle de toi dans mon billet de de main et te revoilà!
  • Marilyne

    4 Marilyne Le 09/09/2017

    @ Valérie : excellent ! Tu me l'avais bien dit lorsque j'ai arrêté " je sais que l'on revient ".
  • Valérie

    5 Valérie Le 09/09/2017

    Ah oui, c'est dur de complètement couper le cordon!

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