Le trésor de la guerre d'Espagne - Serge Pey

Pey

- Éditions Zulma -

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Ce recueil de nouvelles relate des histoires vraies. Enfant d’Espagne, de Républicains exilés en France, Serge Pey raconte et rend hommages à leur combat, à leur résistance, à leur espérance.

Le trésor, celui qu’il nous dévoile, n’est pas d’or à déterrer mais de mots et d’émotions, les mots et les noms dans sa langue natale. Mémoire d’enfance, mémoire familiale, dont il fait une poétique, sans lyrisme ni mélancolie, sans occulter la violence de cette guerre civile. Serge Pey est poète, il raconte sans plaquer le témoignage sur la phrase. La puissance de son style, la présence fabuleuse de ses personnages, voilà ce qu’il donne à ses lecteurs, ce qu’il rend à la vie, aux vies d’alors.

Variété des récits et narrateurs en variations, sur le réalisme grave, sur la rude sobriété de ces scènes sur le vif, à vif, l’acuité et l’élan d’une esthétique philosophique, d’une pensée du monde, la poétique en images impétueuses. Des pages fécondes, généreuses, ardentes.

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 » L’enfant pris ma coquille vide et cracha dedans, plusieurs fois, comme pour lui donner vie. L’enfant voulait que de sa salive naisse un escargot. Puis il prit son couteau et creusa un petit trou sous une pierre pour y glisser la coquille. Dans le ciel l’aigle avait maintenant tiré tout le soleil et la colline le suivait. L’enfant leur cria de l’attendre car il ne voulait pas rester seul. L’enfant se dit qu’il était avec l’homme aussi au bord de ce gouffre, et que la ligne à l’horizon le tenait au-dessus de sa tête, comme un pendu qui tomberait dans son propre corps, lorsque la corde se casserait. « 

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«  Les deux amis avaient revêtu pour la circonstance leur costume de cérémonie et s’étaient fait cirer les bottes. Ils semblaient se rendre à un mariage où la mariée était absente mais qui à chaque fois défaisait dans leurs rêves ses voiles de veuve et d’infini. Toujours vêtus de noir, ils portaient le deuil d’un poème qu’ils n’avaient jamais écrit. « 

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