L'autobus - Eugenia Almeida

Autobus

- Editions Métailié -

Dans une petite ville du fond de l’Argentine, un homme et une très jeune femme attendent un autobus dans un café, il passe mais sans s’arrêter. Il y a quatre jours maintenant que l’avocat Ponce amène sa soeur pour prendre cet autobus et qu’il ne s’arrête pas. Les jeunes gens décident de partir à pied le long de la voie ferrée. Le village s’interroge. Il s’est passé quelque chose dans le pays que tout le monde ignore ici. Sous l’orage qui gronde sans jamais éclater, de chaque côté de la voie ferrée qui sépare parias et notables, la réalité se dégrade subtilement. Des livres disparaissent de la bibliothèque. Les militaires rôdent autour de la ville, des coups de feu éclatent.

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Ce roman ressemble à une chronique villageoise, une centaine de pages en huis-clos, son petit monde rural argentin, ses histoires et ses silences de province, ses certitudes et ses habitudes rassurantes. Il y a les notables et les voies de chemin de fer qui les séparent des autres villageois; il y a l'agitation et la dangerosité des grandes villes, loin, le gouvernement, loin, les nouvelles à la radio, dans le journal, qui viennent de loin. Mais qui doivent savoir. Ou alors, pour en savoir plus, certains écoutent ces silences…


Ce roman n'est pas une fresque historique relatant la dictature militaire argentine. Eugenia Almeidan'explique pas, elle décrit. Autant l'incompréhension que l'incrédulité. Et elle raconte, ces histoires qu'on se raconte et ces questions qu'on ne pose pas. Une densité palpable, un malaise face à cet horizon bouché. L'atmosphère de cette lecture est lourde, menaçante, plombée, pétrie au point d'interrogation comme l'est celle du village tendue sous cet orage en présage. Dans ce récit tout en échos, l'auteur y modèle et affine ses personnages, les réactions et les interactions, avec brio en quelques lignes aussi sobres qu'évocatrices. D'un gris métallique.

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Commentaires

  • claudialucia

    1 claudialucia Le 22/03/2014

    Pourquoi pas celui-là qui a l'air d'être réussi dans l'atmosphère et les sentiments que l'auteur veut transmettre?
  • Lybertaire

    2 Lybertaire Le 29/04/2014

    Je l'ai commencé mais je n'ai pas terminé, je n'ai pas accroché à ce côté "petit village".
  • Marilyne

    3 Marilyne Le 29/04/2014

    @ Lybertaire : beaucoup aimé celui-ci, cette atmosphère justement confinée, sans explication. J'ai écouté Eugenia Almeida lors de Festival America parler de son enfance pendant la dictature argentine, de son incompréhension et de cette impression de " gris ", de plombé, j'y ai retrouvé ce qu'elle a écrit dans ce premier roman. En revanche, je n'ai pas eu de très bons échos du second.
  • Lybertaire

    4 Lybertaire Le 30/04/2014

    Je vais peut-être essayer le second alors, on sait jamais ! Tant que je suis sur l'Argentine, pourquoi pas !
  • Marilyne

    5 Marilyne Le 01/05/2014

    Bonne idée. Comme je te l'ai écrit, des échos peu positifs mais peu d'échos également. ( je pense être pour l'année en Argentine quand je vois le nombre de livres que j'aimerai chroniquer... :))

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