Amedeo Modigliani, Paris, 1911 – Anna Akhmatova

Modigliani akhmatova

- Éditions Harpo 2011 -

- Version française de Christian Mouze -

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 » Vous êtes en moi comme une hantise. « 

C’est ce que Amedeo Modigliani écrivit à Anna Akhmatova en 1910 après leur rencontre à Paris. Elle a 21 ans, elle écrit ses premiers vers; il a 24 ans, il est encore un artiste italien bohème inconnu. Ils se retrouvent en 1911.

Ce recueil est un ouvrage de collection, un fin cahier dont il faut couper les pages. Seulement quelques pages de souvenirs, de moments, en deux périodes, comme des notes en tableaux parisiens.

C’est la voix d’Anna Akhmatova et sur ses mots, ces quelques mots sur celui qu’aucun de ses poèmes n’appellent, ne rappellent, le trait d’Amedeo Modigliani, deux de ses nus.

 » Il ne me dessinait pas sur le vif mais une fois seul chez lui. Il m’offrait ses dessins. Il y en eu seize. Ils ont été détruits dans ma maison de Tsarkoe Selo, aux premiers temps de la Révolution. Un seul en a réchappé. Moins que dans les autres on y pressent ses futurs nus.  « 

Anna Akhmatova a écrit ces souvenirs à la fin de sa vie, entre 1958 et 1965. Elle ne prétend rien, ne revendique rien. Elle raconte l’homme et le Paris qu’elle a connus en 1911, la culture russe en scène, le banc au jardin du Luxembourg, les vers de Verlaine, le département égyptien du Louvre dont les œuvres fascinaient Modigliani, les grandes figures de l’art et de la littérature en ce XXème siècle en devenir, le regard et la misère du peintre.

Une écriture dépouillée, et pourtant une telle présence.

 » J’ai encore en mémoire ses mots : Sois bonne  – sois douce ! . Il me le disait sous l’emprise du haschisch, couché dans son atelier, à demi conscient. Ni bonne, ni douce, je ne le fus jamais avec lui. « 

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