Petit éloge de l’excès – Caryl Férey

 41dsiohzsql

Je n’invente rien, c’est dans le dictionnaire étymologique le mot est d’abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l’emploi du mot au sens de  » très grand « , et de son adverbe au sens de  » très  » ou  » tout à fait  » et cela sans idée d’excès, est fréquent. L’excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types sus-nommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. Tant pis si on est excessivement mauvais. Il n’y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures, des slips de bain. 

Curieuse j’étais de ce recueil de textes au titre accrocheur signé par l’auteur du magistral polar-aux-multiples-prix Zulu( les deux précédents Haka et Utu sont plutôt pas mal non plus dans le genre ).

Recueil de textes donc, une seule nouvelle - acide et ironique à souhait -, des chroniques : récits autobiographiques qui racontent l’homme, l’itinéraire de l’auteur à venir, la nécessité de saisir le monde, de s’y frotter, de l’empoigner; le voyage au long cours du Frenchie, de l’adolescence turbulente et cloutée aux années de dèche, les routes et les rencontres d’ailleurs, la quête de l’écriture, la colère contre les lois de l’argent et des traders. Malgré sa plume enlevée, acérée, Caryl Férey sait aussi parler d’amour. Avec une tendresse toujours voilée d’humour, il dit les femmes de sa vie – sa grand-mère, sa mère, sa fille, le bel amour inaccessible –  figures féminines marquantes en souvenir, en hommage.

Le ton est radical et volontaire, d’une partialité assumée sans provocation, je n’en attendais pas moins de Caryl Férey. Et je ne peux m’empêcher de penser comme lui que, pour ne pas crever bouffi de pensée unique  » il va falloir être sacrément rock n’roll : O.K ? …OKAY ?! …

- Vous êtes un peu excessif, non ? « 

Evidemment, l’ensemble peut paraître facile et vain. Pour ma part, l’assassinat par noyade dans la boue des années quatre-vingt m’a particulièrement réjouie, autant que découvrir le parcours initiatique d’un auteur qui a compris qu’un bon polar vaut mieux qu’un long discours.

 » Ma mère voyait bien ce que je voulais dire, seulement je n’étais pas obligé de le crier.

One trip/one noise…

On ne savait pas où j’irai comme ça, mais au moins j’avais le ton. Mon trip serait l’écriture, mon bruit celui de la musique.

A fond, on l’aura compris : autrement on n’entend rien de la vie. « 

*

Ajouter un commentaire