Luis Sepulveda

- Éditions Métailié -

- Traduit de l’espagnol ( Chili ) par Bertille Hausberg -

Vient de paraître, aux éditions Metailié pour la traduction française, un récit jeunesse de Luis Sepulveda : Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, presque vingt ans après L’histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler ( 1996 ). Le premier fut écrit pour ses enfants, espérant ainsi les consoler un peu de la mort de leur chat. Celui-ci lui fut inspiré par l’un de ses petits-fils, Daniel, ainsi que par le chat de l’un de ses six fils qui se nommait Mix.

Luis Sepulveda est un amoureux des chats, ces animaux  » mystérieux, très dignes, indépendants « . Mix est devenu aveugle.  » Je lui ai souvent demandé : – A quoi penses-tu, Mix ?. Naturellement il ne m’a pas répondu et cette histoire veut répondre à ma question, être la voix du silence de Mix le chat. »

Ce récit intimiste est à la fois réaliste et conte. Il est un hommage à l’amitié. Il relate la vie de ce chat, celle de Max, le garçon avec lequel il la partage – «  … comme la vie nous enseigne qu’il n’est pas juste que quelqu’un soit propriétaire d’une autre personne ou d’un animal, disons alors que Max et Mix, ou Mix et Max, s’aiment l’un l’autre. « -. Max grandit, Mix vieillit. Lorsque Max devient étudiant, il prend un appartement, emmenant Mix qui perdra la vue. Et rencontrera Mex, une souris mexicaine enjouée,  » bavarde et trouillarde  » …

Cette Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis est un très beau livre, de fond et de forme; ouvrage de format idéal ( 14 X 22 ), cartonné et épaisses pages blanches; ouvrage adapté, par sa typographie agréable, par les chapitres courts,  au jeune lectorat; ouvrage joliment illustré par Joëlle Jolivet.

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Comme dans le roman jeunesse précédent, Luis Sepulveda y partage et célèbre les valeurs auxquelles il croit, qu’il défend : la fidélité, le respect. Chacun des courts chapitres se clôt sur une maxime dévoilant les aspects d’une amitié véritable –  » Les amis veillent toujours sur la liberté de l’autre  » – qui n’a rien d’une leçon de morale.

Lors de l’entretien, Luis Sepulveda expliqua que, pour lui, l’amitié est un trésor, un trésor à transmettre; un autre univers que celui de la famille, un univers émotionnel indispensable, fondamental. Et ce trésor est en réalité constitué de la somme de tous ces trésors qui forment puis font l’amitié. Par les maximes, c’est cela qu’il souhaitait mettre en mot.

Et pourtant… Après avoir écrit L’histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sepulveda s’était bien promis de ne jamais se  » remettre dans un pétrin pareil « , replonger dans cette extrême complication d’écrire pour les enfants. C’était sans compter sur son petit-fils Daniel et ses extrêmement compliquées questions d’enfant…

Daniel a maintenant dix ans. Lorsqu’il avait quatre ans, en vacances dans la résidence espagnole de son grand-père où étaient toujours accueillis également les amis, beaucoup d’amis, il lui demanda :  » Pourquoi il y a tant d’amis qui viennent chez toi ? « . Comment lui expliquer ce bonheur, tous ces moments de joie ? Comment lui dire l’amitié ? Il s’agissait d’une question difficile, impossible de répondre rapidement, de se contenter de quelques mots. Alors, Luis Sepulveda lui a répondu :  » Je te promets que je te répondrai. Je te répondrai avec une histoire.  » Et il lui a fallu une année pour rédiger cette réponse. Ce qui fut finalement rapide, car Daniel était devenu  » l’aiguillon provocateur  » pour parvenir à écrire cette histoire.

Et Luis Sepulveda d’ajouter :  " J’ai eu la chance pour tous mes livres d’être entouré de mes enfants, de leurs amis. Ils étaient un lectorat très efficace, impitoyable. Quand ils me disaient  » Non, ça, on n’y croit pas « , je réécrivais. « . Pour cette Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, deux de mes petits-enfants et leurs copains ont été tout aussi impitoyables. Leur premier reproche a été sur ma conception de l’histoire. Le récit arrivait trop vite au moment où Mix devient aveugle. J’aime les critiques des enfants, ce sont les meilleurs critiques car ils n’aiment pas les ambiguïtés mais ils adorent les métaphores, que le récit ouvre des possibles. " 

Actuellement, Luis Sepulveda travaille au scénario de cette histoire qui va être adaptée en film d’animation pour le cinéma – tout comme L’histoire de la mouette et du chat qui lui apprit à voler – avec le même cinéaste. Belle histoire aussi, une histoire de rencontre impromptue, de passion, de confiance, de respect pour le travail de chacun.

Il est fort possible que Luis Sepulveda écrive à nouveau pour le lectorat jeunesse. Daniel y veille.

Un jour, toujours dans le jardin de la maison espagnole, Luis Sepulveda a vu son petit-fils observant attentivement un escargot qu’il avait placé dans sa main. Là, il a tremblé et s’est assis. Oh, qu’allait être la question ? …  " Mais pourquoi va-t-il aussi lentement ? « . Réaction de Luis Sepulveda :  » Je ne me voyais pas lui répondre à propos des fonctions motrices et du système musculaire de l’escargot. Et puis, je suis moi-même lent, alors… – c’est une question extrêmement compliquée, je te promets que je te répondrai. Je te répondrai avec une histoire. Maintenant, je travaille à cette réponse complète. Je pense l’appeler Un escargot décrit le plaisir de la lenteur, car, avec lui, j’ai découvert mon propre plaisir à la lenteur. Et comme Kundera, je réfléchis à comment on peut se reposer lentement …."

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Pour le plaisir, les mots de la fin :  "Mon histoire avec la littérature est une histoire de séduction mutuelle. Il me faut rencontrer une histoire qui me séduise, qui me donne envie de séduire à mon tour les lecteurs, quelque soit leur âge." 

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